La passion de la construction

Une réalisation en images et en mots, autour de la construction par les élèves, dans l’atelier chaudronnerie, d’une sculpture métallique conçue par Jean-Marc Nicolas et destinée à agrémenter l’espace public de la commune de Bazouges-la-Pérouze – pour plus de détails, suivez ce lien https://www.lyceemaupertuis.bzh/les-eleves-de-1ere-tci/ ! Vous pouvez retrouver cette exposition dans le hall du lycée, au 1er étage, sur la passerelle.

 » C’est l’histoire d’une classe, d’une famille ironiquement soudée
comme les doigts d’une main ô combien usée
vous avez assez parlé, il est temps d’ouvrir vos oreilles
entendez les coups de marteau qui rattrapent les erreurs de la veille

Le froid de la tôle a affecté notre température corporelle
on prend des râteaux, des coups de pelle
tellement de choses à dire
que ma plume en transpire

Être des nôtres c’est avoir le cœur du lion, la fidélité du canidé
même s’il neige des engueulades, le sol brûle de bonheur
pas besoin d’argent, j’ai de l’or dans les mains

A bon entendeur  »

Un projet pour des élèves en autonomie
Donner à voir la construction d’une oeuvre (gestes et postures, machines et matière)
en visant la réussite esthétique.
Des couleurs très franches s’invitent : uniformité des bleus de travail – dont
certains des acteurs de la scène se démarquent volontiers – rouge des
machines et orange vif des superstructures de l’atelier, jaune omniprésent du
sol qui s’immisce partout.
Puis vient la surprise du point de vue spectaculaire de jeunes photographes,
familiers de leur sujet, enclins également à introduire des ruptures sous forme
de portraits plus intimes.

 

 » La fatigue on ne connaît pas
la douleur impose le respect

quiconque aura une impression :
– de dégoût
– d’ennui
– de manque d’amour…

… n’est pas un vrai chaudronnier  »

 » Un vrai chaudronnier
est une PERSONNE
qui respecte son BLEU « 

 » Dans la chaudronnerie
il faut aimer créer de ses propres mains
avoir confiance et être fier de soi-même

or tous les jours les technologies
font avancer et en même temps reculer le
métier
car avec les nouvelles machines
qui font des découpes automatiques
on perd le savoir-faire
de nos ancêtres  »

 

Constituer une série
Faire tout d’abord de la classe de français un lieu d’expression estimé des
élèves.
Ensuite, le lieu d’une validation collective de la présélection des photos
appelées à être développées et valorisées, opération qui est aussi l’occasion
d’une mise à distance (se voir, accepter d’être vu) et de l’acceptation des
contraintes esthétiques. Pour peu qu’elles soient justifiées, car ces photos
doivent être vues et le mériter !
Enfin, le lieu de découverte des premiers tirages, une présence désormais
matérielle qui pose la concrétisation du projet et aussi ses limites, qui engage
des correctifs (représentativité des acteurs et des situations) et ouvre un peu
plus l’expression du sentiment – parfois du ressenti : pourquoi je ne suis sur
aucune photo ? pourquoi es-tu sur-représenté ?

 » Le chaudronnier qui fait ce travail par dépit
car il ne l’a pas choisi
ne cherche pas à comprendre comment
l’acier peu VIVRE

sous différentes formes  »

 » On dit souvent de notre métier
que nous sommes des
EXÉCUTANTS

mais je dis que nous sommes des
CRÉATEURS
car nous savons contrôler
les éléments
le feu
le métal « 

 » En atelier, les heures s’écoulent
mais pourtant
nous sommes hors du temps
grâce aux étincelles !

qui nous hypnotisent  »

 

Photo d’équipe
Une petite revanche prise sur les doutes, les tensions, les aléas de la
construction et au-delà, sur le déficit de considération du travail manuel et de
la formation professionnelle, que l’on porte parfois sans trop y penser, mais
qui interpelle des jeunes qui, à ce moment précis, portent bien haut la valeur
de leur savoir-faire.

 » Lors de la soudure
le bain de fusion
coule
tel la lave d’un volcan

ceci me PASSIONNE  »

 » L’acier fait le dur
il me dégoûte
mais j’ai la rage de vaincre pour
le découper
plier
souder
pour qu’il ne puisse plus
BOUGER « 

 » Le dur travail de l’acier
finit toujours par nous
ENLACER
alors nous pouvons travailler
à un idéal de pureté « 

En souhaitant que cet atelier-photo où se sont révélés des talents, ainsi que
cette exposition, auront apporté leur part de créativité et de liberté à un
projet qui peut trouver toute sa place en milieu scolaire.

• Photographies : Romain Aubert, Jérémi Darras & Florian Nadot-Guitton,
avec la participation de Arnaud Grave, terminale TCI & Yves Gouiffès, professeur
• Journal de bord : Evann Couanon, Jérémi Darras, Enzo Facon, Thomas Lemeur, Florian Nadot-Guitton & Logan Rehel